Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

http://www.atilf.fr/dmf/definition/dormir 
Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
 20 articles
 
 Article 1/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[ ]
 

-

Assez dort qui rien ne fait : Assés dort qui rien ne fait. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 575).

 

Rem. Morawski 136 : Assez dort qui riens ne fet.

 

-

Assur dort qui n'a que perdre. "Celui qui n'a rien à perdre dort tranquille" : Assur dort qui n'a que perdre. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 575).

 

Rem. Morawski 130 : Assûr dort qui n'a que perdre.

 

-

Celui à son aise ne dort qui craint de perdre ses biens et être mis à mort : Celuy a son aise ne dort Qui perdre craint totalement Ses biens et estre mis a mort ; De ce mondë, incessament L'omme doit a la mort penser, Car il scet necessairement Que une foys lui convient passer. (Paraboles Maistre Alain H., 1493, 114).

 

-

Ce qui en veillant abonde, en dormant volontiers redonde. "Ce qui nous préoccupe quand nous veillons, nous préoccupe autant quand nous dormons" : Or fault, ou de nuit ou de jour, Soit en dormant ou en vellant, On ne s'en voist esmervellant Que les pensees a chief traient Et que leur cours par nature aient ; Et che qui en vellant habonde En dormant volentiers redonde. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 227).

 

-

Dame Loyauté dort et verité est morte V. loyauté

 

-

Envie ne dort jamais V. envie

 

-

Il faut avoir doute de réveiller le chien qui dort V. chien

 

-

Il n'est si male eau que l'eau qui dort V. eau

 

-

Il vaut mieux dormir que penser trahison : Telz dort tant au monstier, sans entendre orison, Qu'au revenir ne puet dormir en se maison. Encor vault mieux dormir que penser traïson. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 3).

 

-

L'homme, quand il a grâce du main-lever, peut bien dormir jusqu'au dîner. "Celui qui a la grâce du lever matin, il peut se permettre (par exception) de dormir jusqu'au dîner (on ne le considèrera pas comme un paresseux)" : Li preudons a cui grace est tres bien alleuee Qu'il se lieve a matin enchois l'aube cervee, Il poet hardiement dormir grant matinee. (Bât. Bouillon C., c.1350, 50). [Signifie dans le contexte : "Celui qui a une bonne réputation peut se permettre de trahir, on ne le soupçonnera pas"]Dont .j. proverbes dist, c'on doit bien recorder : Que li homs, quant il a grace du main-lever, Il poet bien, che dist-on, dormir jusqu'au disner. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 278).

 

-

L'ours ne dort pas toute saison V. ours

 

-

Panse pleine fait dormir V. panse

 

-

Parole dite à homme dormant n'est pas plus perdue que n'est le châtiement au fou V. parole

 

-

Qui bien aime, il ne doit mie le tiers de la nuit dormir : Sy ne dormy guaires bien Savary pour doubte que Rolant ne le moquast, mais se peu dormy, si fist Rolant mains la moitié pour les pensees qui a toutes heures lui survenoient. Sy faisoit pour ce assez a excuser, car comme dit ung poete en ung sien joieux ditté : "Qui bien aime, il ne doit mie le tiers de la nuit dormir." (Garin Mongl. K., c.1460-1465, 99).

 

-

Qui dort en paix, il repose à son aise : [Dans ce poème intitulé La mort Fredericq empereur, celui-ci est assimilé à un cèdre qui a soutenu l'église et l'a protégée de toute hérésie, lui assurant ainsi paix et tranquillité] Comme le cedre exquis par sa licqueur, Livres preserve et lectre auctorisie, Ce cedre humain a gardé chief et coeur De saincte Eglise et mis en el vigueur Qu'en tout son temps n'apparut heresie ; En union dont elle est fort prisie, L' soustenu, sans vermine punaise : Qui dort en paix, il repose a son aise. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 273).

 

Rem. Hassell 190, P23

 

-

Qui vit en paix, il dort en grand repos V. pâix

 

-

[Sentence] Qui trop dort au matin point n'en amenderas, Et s'en pert sa journée, dont il se clame las : Si te couche de jour et matin leveras : Qui trop dort au matin point n'en amenderas, Et s'en pert sa journee, dont il se clame las. (Enfances Doon de Mayence P., c.1450-1500, 458).

 

-

Somme ou dormir est image de mort V. somme2

 

-

Tel a bien toute nuit dormi Qui pour tant n'est pas des plus sains : Tel a bien toute nuyt dormy Qui pour tant n'est pas des plus sains (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 88).

 

-

Ventre soûl n'est aise s'il ne dort V. ventre

 

-

Volontiers dort qui a grand somme V. somme2
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer

 Article 2/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[AND : dormir ; DÉCT : dormir ]

"Dormir" : ...je n'oz pas gaires dormi Que j'oz estrange vision (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 286).
 

Pizan Joël Blanchard / Michel Quereuil

 Article 3/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[AND : dormir ; DÉCT : dormir ]

A. -

"Dormir"

 

-

En partic. [L'acte de dormir, comme celui de manger ou de boire, est considéré comme l'exercice d'une faculté propre aux créatures mortelles] : Qui vous esmeult A croire que [Jésus] filz de Dieu soit ? Come nous mange, dort et boit. (Pass. Auv., 1477, 161).

B. -

P. iron. [Dans le langage d'un bourreau] "Mourir" : Or leur va donc froter le front, Pour les faire plus tost dormir [les condamnés à mort]. (Pass. Auv., 1477, 208).
 

Passion d'Auvergne Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe intrans. et pronom.
[AND : dormir ; DÉCT : dormir ]

I. -

Empl. intrans. "Dormir" : Car l'en puet bien avoir tel habit senz ce que l'en parface de ce nul bien, ainsi comme quant l'en dort ou repose. (ORESME, E.A., c.1370, 126).

II. -

Empl. pronom. "Dormir" : Mais il puet estre que un homme ait vertuz et se dorme et que il ne oeuvre jamais en sa vie selon celles vertuz. (ORESME, E.A., c.1370, 112).
 

Oresme Charles Brucker

 Article 5/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[T-L : dormir ; GD : dormir ; GDC : dormir ; AND : dormir ; DÉCT : dormir ; FEW III, 140a : dormire]

I. -

Empl. intrans. "Dormir" : Parle bas, Robechon. L'argille est en ses mains posée, Comment il dort a reposée ! Or ça il le fault esveillier [Et son visage cateillier] De ce festu. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 18).

 

-

En partic. [Dans une interr.] : Ha, Mahommet, dor je ou je vueille ? Pierre et Pol, dont j'ay grant merveille, Sont venus a moy par grant yre. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 155).

II. -

Empl. pronom. "Dormir" : Helas ! et quel devocion Peut avoir celly qui se dort Jusque a mydi ? Son oreyson Si ne teré [l. téré] forque a la mort. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 8). Qu'es-se cy ? Je croy qu'il se dort : De nous ne fait semblant ne chere. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 272).

III. -

Inf. subst. "Sommeil"

 

-

Le dormir de la mort. V. mort1
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[AND : dormir ; DÉCT : dormir ]

"Dormir"

A. -

Empl. intrans. : Eveilliez vous, eveilliez, dame ; Trop fort dormez. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 138).

 

-

Dormir de l'oeil. "Fermer l'oeil" : Car pour voir espouser vous vueil Ains que je dorme mais de l'ueil (Mir. nonne, 1345, 334).

 

-

[Avec accusatif d'obj. interne] : Elas ! chetif, j'ay trop grant somme Dormi. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 46).

 

-

P. iron. [En parlant du sommeil éternel] : Ici mourrez tout maintenant, Estre vous feray coy tenant. C'est fait ! Or dormez la voz sommes (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 31).

B. -

Empl. pronom. : Nulz de mes gens ici n'a point, Touz se dorment a remontée. (Mir. Oton, c.1370, 358).

C. -

Empl. subst.

 

-

Part. prés. en empl. subst. En son dormant. "Durant son sommeil" : Je lo qu'il ait le chief tranchié En son dormant. (Mir. femme roy Port., c.1342, 175).

 

-

Inf. subst. Le dormir : LE FIL COME FOL. Je perdi le dormir ennuit De songier qu'en estat d'avugle Chevauchoie dessus un bugle... (Mir. parr., 1356, 15).
 

Miracles Pierre Kunstmann

 Article 7/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, subst. masc.
[AND : dormir ; DÉCT : dormir ; FEW III, 140a : dormire]

"Sommeil" : Quant le dormir apaise la desipience, c'est bonne chose ; maiz ou elle ne le fait, c'est mal. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 58).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 8/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[AND : dormir ; DÉCT : dormir ; FEW III, 140a : dormire]

"Dormir" : ...les choses non naturellez comme sont l'aer, boire, manger, dormir, veiller, traveiller, reposser, inanition et replection et les accidens de l'ame car icelles sont causes de toutes maladies et de santé. (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.).
 

Lexique de la langue scientifique Danièle Jacquart / Claude Thomasset

 Article 9/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[T-L : dormir ; AND : dormir ; DÉCT : dormir ; FEW III, 140a-b, 141a : dormire]

A. -

Empl. intrans. au propre. "Dormir" : Dormir de jour aprèz la table, Sauf paravant un peu veillier Et sans excez y traveillier, Pour haster la digestion (LA HAYE, P. peste, 1426, 104). ...ne aussi les passions penibles comme cremir et douloir, ne les corporeles come dormir, mengier et ambuler (Somme abr., c.1477-1481, 161).

 

-

Gérondif. En dormant : Et dois sauoir que toutes visions ymaginaires comme sont apparicions qui se font en dormant en songes ou mesmes en veillant se font par le ministere des anges... (CIB., p.1451, 214).

 

-

Empl. subst. En son dormant. "Pendant son sommeil" : Tre[s] soverain et tres redoubté Prince, oyés donques, par maniere de recreacion et de esbatement, mon songe et la vision laquelle m'est apparue en mon dorment. (Songe verg. S., t.1, 1378, 3).

 

-

Inf. subst.

 

.

"Sommeil" : Maiz le dormir qu'on fait de nuit Est naturel et porte fruit, Et ce qui est de hault jour fait Griève nature et lui desplaist (LA HAYE, P. peste, 1426, 104).

 

.

[À propos d'un membre du corps hum.] "Engourdissement" : Et ces dormers ne [venont] my al piee quant jeo siu a moustrer ou nule part entour vostre service, tresdouz Sires, car bien envys me tendroit Peresce si longement en vostre service, einz me lesse bien aler (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 80).

 

Rem. Var. dormeries ; FEW III, 141a, au sens de "sommeil" ; AND, s.v. dormir et dormerie (même ex.).

B. -

Au fig. [D'une chose] Faire dormir ou cesser. "Interrompre ou arrêter" : ...et pour ce dit une loy que, se une prescripcion est enconmenciee, se l'age d'un pupille survient qui face dormir ou cesser la prescripcion, neantmoins, aprés, la prescripcion sera continuee et ara son effect, puis que l'enpechement sera cessé. (Songe verg. S., t.1, 1378, 245).
 

Littérature didactique Hiltrud Gerner

 Article 10/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[AND : dormir ; DÉCT : dormir ]

I. -

Empl. intrans. "Dormir"

 

-

Au fig. "Tarder à faire qqc." : Pencez que je n'ay pas dormy Pour en faire provision. (LA VIGNE, S.M., 1496, 271).

II. -

Part. prés. en empl. subst. masc. En mon/ton/son dormant. "Durant mon/ton/son sommeil" : En mon dormant, La nuyt passee (LA VIGNE, S.M., 1496, 274).
 

La Vigne Annie Bertin

 Article 11/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[AND : dormir ; DÉCT : dormir ]

I. -

Empl. intrans. "Être dans l'état de sommeil" : Alors Madame se fait devestir sa robe et se met à dormir (LA SALE, J.S., 1456, 51).

II. -

Part. prés. en empl. subst. masc. Dormant

A. -

"Homme qui dort" : Et quant aucuns luy blasmerent qu'il l'avoit tué tout mort, il dist : ainssy que l'ay trouvé, je l'ay laissié ; repuctant, en ce cas, estre semblable le dormant comme mort. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 60).

B. -

"Sommeil, état de celui qui dort" : Et le songe de fantosme est quant on songe aulcune chose diverse, ainchois qu'on soit du tout endormy : si comme on voit aulcunes diverses fourmes (...) entre veillant et dormant (LA SALE, Sale D., 1451, 229).

 

-

Au dormant de qqn. "Pendant que qqn dort" : ...mais, en les attendant, s'endormist. Et a son dormant lui fut advis qu'il les en veoit retourner (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 83).

III. -

Inf. subst. Dormir

A. -

"Période de sommeil" : Ne passa sepmaine de caresme que comme tres devote ne alast les pardons gaynier, et maintesfois sans grant compaignie priveement disner, bancqueter et soupper, et aprés son dormir aux regnards et taissons par ces bois et autres deduiz souventesfois chassier (LA SALE, J.S., 1456, 258).

B. -

"Action de dormir" : ...elle en a changié (...) le dormir pour le veillier (LA SALE, J.S. E., 1456, 359).
 

La Sale Pierre Demarolle

 Article 12/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[AND : dormir ; DÉCT : dormir ]

I. -

Empl. intrans.

A. -

"Dormir" : J'ai sommeil Si grant que toute m'en merveil, Et trop volentiers dormiroie S'une chambre et un lit avoie. (MACH., Voir, 1364, 334). Uns chambrelains bien l'escouta Qui dedens la chambre gisoit ; Si li respondoit et disoit : "Hurtez bellement, li roys dort." (MACH., P. Alex., p.1369, 267).

 

-

Dormir à grant repos : Quant en un fumier se gisoit, C'estoit sa pais ; c'estoit ses lis ; C'estoit de tous poins ses delis, Ou il dormoit a grant repos. (MACH., J. R. Nav., 1349, 226).

 

-

Loc. : Ne say, se je dor ou veil, Quant son riant oueil, Son gent corps qui n'a pareil Et son dous accueil Voy et son cointe appareil, Simple et sans orgueil. (MACH., Lays, 1377, 427).

 

-

Empl. pronom. : Lors se vint la dame sëoir Dalés l'amant qui se dormoit, Et son dous ami le clamoit. (MACH., F. am., c.1361, 221). Et songierent que il vëoient De leurs lis ou il se dormoient Nuef solaus de coulours diverses, Blanches, rouges, noires ou perses, Qui luisoient eu firmament. (MACH., F. am., c.1361, 237).

B. -

Au fig. "Demeurer inactif au lieu d'agir" : Et li dist : "Bremont, chiers amis, Nous dormons, et nos annemis Ne dorment pas, mais toudis veillent, Et de nous grever se traveillent..." (MACH., P. Alex., p.1369, 111).

 

-

[Dans un tour nég. et plus ou moins stéréotypé] : Mais Esperence qui a soing D'aidier ses amis au besoing Et qui ne dort pas ne sommeille Pour eaus conforter, einsois veille, A celle heure ne dormi pas... (MACH., R. Fort., c.1341, 112). Se souvent me pleing et dueil ; Car li maus qui me traveille Ne dort onques ne sommeille Ne n'amenrist, einsois veille Toudis pour croistre mon dueil. (MACH., Lays, 1377, 314).

 

-

En partic. "Ne pas donner signe de vie, ne pas se manifester, ne pas agir" : La n'est il riens qui me conseille, Ne qui me doint Confort dou mal qui ne traveille ; La sens je doleur nom pareille ; La Pitez dort ; la Desirs veille Qui trop me point. (MACH., R. Fort., c.1341, 50). Puis qu'Eürs est contraire à mon desir Et Fortune me grieve nuit et jour Et Pitez dort pour mi faire morir Et de moy plus ne souvient bonne Amour Et ma dame ne chaut de ma dolour, Certes, je doy la mort plus desirer, Qu'einsi languir sans merci esperer. (MACH., L. dames, 1377, 113). Et Loiauté temprement S'esveillera, car trop dort longuement, Pour li aidier ; n'i voy autre confort Fors seulement en Loiauté qui dort. (MACH., L. dames, 1377, 194). Et s'il vuet autre deport, Je di que fois en li dort Et qu'il est d'Amours partis ; Quar qui plus quiert, il a tort, Et s'est d'onneur annemis. (MACH., Lays, 1377, 341).

II. -

Part. prés. en empl. adj. "Qui dort, qui est en train de dormir, endormi" : Mais vers li mesprist si forment Qu'Adriane laissa dormant Seulette en estrange contrée... (MACH., J. R. Nav., 1349, 232). Finablement la chambre ouvry, Et si tost com l'uis s'entrouvry, Deux degrez le prince avala, Et au lit dou roy s'en ala. Si se resjoy moult forment De ce qu'il le trouva dormant. (MACH., P. Alex., p.1369, 268).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Et cestes lettres me bailla, Qui mon cuer dormant esveilla (MACH., Voir, 1364, 170).

 

-

Dieu dormant. "Dieu du sommeil" : Yris li dist : "Dieus dormant, a toy vien De par Juno, deesse de tout bien." (MACH., F. am., c.1361, 165).

III. -

Inf. subst. "Sommeil" : Mais en tel lieu faire l'espoir Qu'il sera loing de toute noise, Par quoy riens ne bruie ne noise Au lieu, qui son dormir empesche... (MACH., F. am., c.1361, 234). Si prins a palir et a taindre Et mes cuers trop fort a fremir, Si que j'en perdi le dormir Et le mangier, car ne manjoie Se petit non ne ne dormoie. (MACH., Voir, 1364, 86).

 

-

Li dieu de dormir. "Le dieu du sommeil" : ...si ferai chanter et lire De maniere serie et coie Que li dieus de dormir ne l'oie, Car vraiement, pechié feroit Qui son repos empeecheroit. (MACH., F. am., c.1361, 235).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso

 Article 13/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[AND : dormir ; DÉCT : dormir ]

A1 humain dort : Tous dorment en la ville. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 212). ...il ne faisoient la que boire et mengier, dormir et reposer (FROISS., Chron. D., p.1400, 95). ...ilz (...) vindrent soupper à Kienneton et dormistrent (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 65). ...ces sonmiers et ceuls qui les conduisoient (...) estoient tout pesant et sonmilleus, car il avoient la nuit moult petit dormit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 496).

Opposé à réveiller : ...si conmenchierent a faire grant noise et a resvillier ceuls qui dormoient. (FROISS., Chron. D., p.1400, 571).

A1 humain se dort : Les mesnies de laiens s'esvillièrent pour le friente, et vinrent à leur mestre qui se dormoit, et li disent : "Sire, or tos levés vous sus, car il y a là dehors grans gens d'armes qui mettent grant entente à entrer ceens." (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 99). Et se dormoient li signeur toutes les nuis et tous armés sus les camps, car tous les jours et toutes les heures il atendoient la bataille. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 38).

A1 humain dort + compl. de temps : Nous n'avons que deus nuis dormi en Hainnau (FROISS., Chron. D., p.1400, 382).

Sens fig. A1 humain dort (sur A2 abstr.). "Reste inactif" : Endementrues que cil ambasadour de France s'ordonnoient, et que pour venir en Engletière il s'aparilloient (...) avoit gens d'armes à l'Escluse dou roiaulme de France qui là dormoient et sejournoient, ne en quel lieu ne païs que ce fust, pour honneur acquerre et eux avanchier, aler ne traire il ne savoient. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 166). L'empereur, messire Charles de Boesme, ne dormy pas sus ceste besoingne, mais se resvilla tellement que je le vous dyray. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 167).

A1 concr. (l'eau) dort : Et là s'arestèrent, et prisent place à leur avis et pour atendre leurs ennemis, et avoient au devant d'eus un grant plachiet plain d'aighe dormant. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 220).
 

Froissart Jacqueline Picoche

 Article 14/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[T-L : dormir ; GD : dormir ; GDC : dormir ; GDC : dormant ; AND : dormir ; DÉCT : dormir ; FEW III, 140a : dormire ; TLF VII, 436a : dormir]

Empl. intrans.

A. -

Au propre "Être en état de sommeil" : Pelerins et pelerines, Une visïon veul nuncier Qui en dormant m'avint l'autrier. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 8). Bien pourrïez aler dormir Et reposer tout à lesir (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 1771).

B. -

Au fig. "Demeurer inactif au lieu d'agir" : Point ne dor ne sui oiseuse, Et ne sui point pereceuse De touzjours faire mon devoir Selonc mon sens et mon pouoir. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 1587).
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf

 Article 15/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[AND : dormir ; DÉCT : dormir ]

I. -

Empl. intrans.

A. -

"Dormir" : ...je me tourne et retourne en nostre lit, quand je ne puis dormir (C.N.N., c.1456-1467, 134). ...la vaillant mesnagiere, comme moitié dormant, moitié veillant, se presenta devant son mary (C.N.N., c.1456-1467, 443).

B. -

"S'attarder, traîner" : ...se pensa qu'au plus tost qu'il pourroit il courroit a Romme (...). Il ne dormit pas, car en pou de jours, après maintes peines et travaulx, tant fist qu'il se trouva a Romme (C.N.N., c.1456-1467, 285).

II. -

Empl. pronom. Soi dormir. "Dormir" : ...tant fist qu'il se trouva en la chambre ou la levriere se dormoit (C.N.N., c.1456-1467, 194).

III. -

Inf. subst. "Le sommeil" : ...elle compta tout au long la fasson et maniere de sa maladie, comme de son dormir, de aller a chambre, de boire, de menger. (C.N.N., c.1456-1467, 139). ...je ne fuz oncques si enragé [d'amour] que d'en perdre le dormir ne la contenance (C.N.N., c.1456-1467, 176).
 

Cent Nouvelles Nouvelles Roger Dubuis

 Article 16/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[T-L : dormir ; GD : dormir ; GDC : dormir ; AND : dormir ; DÉCT : dormir ; FEW III, 140a : dormire ; TLF VII, 436a : dormir]

I. -

Empl. intrans. "Être en état de sommeil" : Requis comment, dit que il en prenoit [des ducats] en la bourse de ses compaignons, quant ilz dormoient, de l'un deux, de l'autre un, tant qu'il les assembla et les bailla à garder à son frere et à sa dame. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 95).

 

-

Se coucher dormir : ...il, par fain de dormir qui le surprint, s'en ala coucher dormir sur un siege estant auprès de l'autel et en la chappelle Nostre-Dame (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 364). ...et illec se coucha dormir jusques à grant jour (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 114).

II. -

Empl. trans. [Avec un compl. d'obj. interne] "Passer du temps à dormir" : ...ainsi comme elle ot dormi son premier somme (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 57).

III. -

Empl. pronom. "Se reposer en dormant" : ...en icellui lieu trouverent un homme qui se dormoit, auquel ilz osterent sa robe, sa sainture et son chaperon (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 374). ...et incontinent qu'ilz orent disné, ledit mons. l'evesque dist à il qui parle que tantost il monstast à cheval et s'en alast devant, pour prendre logis pour icelli mons. l'evesque et ceulx de sadite compaignie en la ville de Compiegne, et entrementieres il se dormiroit un petit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 548).

IV. -

Part. prés. en empl. adj. "Qui est en train de dormir" : ...eulx IIIJ ensemble (...) alerent couchier sur le port au Fain, en Greve, ouquel lieu ilz trouverent un homme dormant (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 376).
 

Registre criminel du Châtelet Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 17/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[T-L : dormir ; AND : dormir ; DÉCT : dormir]

I. -

Empl. intrans. au fig. "Fermer les yeux sur qqc. ; ne pas s'occuper de qqc. ; rester inactif" : ...bien par l'espace de deux mois aprés le trespas dudit maistre Jehan Chevrot le roy fit semblant de dormir et de non avoir a cuer ceste besongne (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 265).

II. -

Part. prés. en empl. adj. "Qui n'agit pas ; qui est inactif, qui est resté inactif" : ...aultre chose est entrer en alliance aveucq ung roy possesseur de sa conqueste aprés victoire obtenue, et aultre chose d'un possesseur inlegitime dont les vertus encore ne sont experimenteez. Car proprement le roy trespassé parvint a la possession par longues chevalereuses vertus et labeurs, et son filz sans espreuve de vertu nulle y entra dormant, dont le parobtenir longuement pooit permettre du dangier beaucop en la queue. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 150).
 

Chastellain Martine Moulin

 Article 18/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[T-L : dormir ; GD : dormir ; GDC : dormir ; AND : dormir ; DÉCT : dormir ; FEW III, 140 : dormire ; TLF VII, 436a : dormir]

I. -

Empl. intrans. au fig. [D'une chose] "Reposer dans l'oubli ; être mis de côté" : Messire Pierre de Savianges disoit que la sentence donnée contre lui pour la dame de Brancion ne valoit, car il disoit (...) que le plait avoit dormy plus d'un an. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 123).

 

-

Laisser dormir qqc. "Ne pas donner suite à qqc." : ...se je laisse dormir ma cause d'appel par an et par jour, sanz proceder en icelle, ma cause est perie et perdue. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 187).

II. -

Empl. pronom. réfl. "Être dans l'état de sommeil" : Et au bruit et conflict qui fut oudit village, ledit Mathurin Chappeau, qui estoit sur son lit en son hostel où il s'estoit dormy, et mis sa jacquette et sa chemise et tout nuz piez, saillit de sa maison en la rue, et en son chemin devant l'estable des ses beufx, trouva une fourche de fer, laquelle il print. (Doc. Poitou G., t.10, 1456, 12).
 

Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 19/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[AND : dormir ; DÉCT : dormir ]

"Être dans l'état de sommeil" : Et entre les autres moy mesme ne dormi de toute ceste nuit et ne me puiz soustenir de la doleur de la teste (BAYE, II, 1411-1417, 173).
 

Baye-Fauquembergue Denis Lalande

 Article 20/20 
FamilleStructureSans exempleCompletFormesExemplesTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DORMIR     
FEW III dormire
DORMIR, verbe
[T-L : dormir ; GD : dormir ; GDC : dormir ; AND : dormir ; DÉCT : dormir ; FEW III, 140a : dormire]

I. -

Empl. intrans.

A. -

"Dormir" : Et ly chevaulx Remondin le portoit tout a son plaisir, ou il vouloit aler, car il n'avoit adviz en lui de la forte desplaisance que il avoit, ne que se il dormisist. (ARRAS, c.1392-1393, 23).

 

-

Dormir + compl. de temps : Et [Hermine] fu en ces pensers telement arguee que toute la nuit ne dormy oncques, et ainsi se passa la nuitiee jusques a l'endemain. (ARRAS, c.1392-1393, 116). ...et puis se ala couchier, et dormy jusqu'au lendemain, souleil levant, et ouy messe, et puis menga une souppe en vin. (ARRAS, c.1392-1393, 302).

 

-

Dormir ou veiller : Lors [le roy Elinas] se quaity au mieulx qu'il pot de menus arbrissiaux, de paour que la dame ne l'apperceust, et entroublia toute sa chace et la soif qu'il avoit par devant, et commenca a penser au chant et a la beauté de la dame, telement qu'il ne scet s'il est jour ou nuit, ou s'il dort ou veille. (ARRAS, c.1392-1393, 6).

 

-

Se lever de dormir en sursaut. "Se réveiller en sursaut" : Et lors le soudant se redrece en piez, tous estourdiz, comme s'il feust levez de dormir en seursault. (ARRAS, c.1392-1393, 232).

 

-

S'en aller dormir : Les uns dancent et chantent et festient. Les autres comptent de beaulx comptes et se soulacent pour passer le temps. Les autres s'en vont dormir. (ARRAS, c.1392-1393, 192).

 

-

Faire semblant de dormir : ...atant esvous Melusigne qui vint et entra en la chambre. Quant Remond l'ouy venir, si fist semblant de dormir. Et celle se despoille et se couche toute nue delez lui. Et Remond commence a souspirer comme cil qui grant douleur sentoit (ARRAS, c.1392-1393, 243).

 

-

Sans dormir : Sachiez, puis que vous vous estes mis si avant en ceste adventure, qu'il vous fault cest espervier veillier, sans dormir, IIJ. jours et IIJ. nuis. (ARRAS, c.1392-1393, 303).

B. -

"Donner l'apparence de qqn qui dort" : Comment, dist-elle, sire musars, estes vous si despiteux que vous ne me daigniez respondre ? Et cilz ne lui respond mot : Par foy, dist-elle, je croy que cilz jeunes homs dort sur son cheval, ou il est sours et muet. Mais je croy que je le feray ja parler, se il oncques parla nul jour. (ARRAS, c.1392-1393, 24).

C. -

Au fig. [Le suj. désigne une abstraction] "Être inactif, inopérant" : Crestiens nous ont rencontrez sur la mer et nous ont tous desconfiz, que mal soit de plus qui en soit eschappez que nous qui cy sommes ; et est tout perdu, a un brief mot. Quant le gallaffre l'entent, si fu moult doulens : Par foy, dist il, seigneurs, cy a dures nouvelles. Fortune dort pour nous quant a present, et a ja fait grant temps, mais elle veille pour les crestiens (ARRAS, c.1392-1393, 131).

II. -

Inf. subst. "Le sommeil" : Et lors vindrent deux de ses chiens courans qui lui saillirent contremont, lui faisant grant feste, et il tressault comme uns homs qui yst de son dormir (ARRAS, c.1392-1393, 7). ...le trop mengier et boire actrait le dormir. (ARRAS, c.1392-1393, 303).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet

 Retour à la page précédente 
Fermer la fenêtre